
René Bonard
C’est un peu paradoxal mais plus je côtoie l’Intelligence artificielle plus j’apprécie mes doutes et ma mémoire parfois hésitante et c’est peu dire…
Je fais ici un peu l’apologie de l’imperfection, mais l’IA c’est un peu la chirurgie esthétique de la pensée… Tu as un peu l’impression qu’avec la chirurgie esthétique tu seras plus beau·belle parce qu’on gomme tes imperfections mais, par là-même, on aseptisera ta personnalité visible.
C’est un peu la même chose avec l’intelligence humaine si on fait appel en permanence à l’IA. Les spécialistes nous le disent, déléguer notre réflexion à l’IA pourrait à l’avenir provoquer notre déclin cognitif si on se repose abusivement sur des outils capables de résoudre des problèmes complexes en sollicitant de moins en moins notre matière grise! Ce manque de stimulation pourrait mener à une atrophie progressive de nos capacités critiques et créatives, donc il vaut mille fois mieux être addict à la réflexion et à la curiosité qu’à l’IA.
Il faut utiliser l’IA avec une grande modération pas seulement pour la survie de notre cerveau, mais aussi pour la Planète qui subit les assauts de cette technologie très énergivore, bien qu’utile dans de nombreux secteurs. Elle est insatiable en énergie.
D’ici 2027, les estimations de consommation varient entre 85 et 134 térawattheures (TWh) d’électricité. On parle là d’une quantité comparable à la consommation de pays entiers comme l’Argentine. Par comparaison en 2023, la consommation finale d’électricité en Suisse s’était établie à 56,1 milliards de kilowattheures (kWh).
Cette estimation inquiétante est accentuée par la croissance exponentielle de l’utilisation de l’intelligence artificielle, notamment dans les modèles génératifs tels que ChatGPT, qui compte désormais 180 millions d’utilisateur·trice·s actif·ve·s.
À tel point que les géants du numérique se convertissent au nucléaire pour étancher les besoins énergétiques toujours plus importants des besoins électriques exponentiels des logiciels d’intelligence artificielle. De fait Microsoft, Amazon et Oracle veulent relier leurs centres de données à des réacteurs nucléaires !
Cela ne promet pas un avenir sobre alimenté par des énergies renouvelables… pourtant en conclusion je ne me refuse pas le plaisir de vous faire partager cette réflexion d’Aurélien Barrau, astrophysicien et philosophe :
« Si nous échouons, ce ne sera pas parce que nos machines étaient trop intelligentes ou pas assez intelligentes. Si nous échouons, c’est parce que nous sommes devenus complaisants et que nous avons limité notre ambition. Il y a une chose que seuls les humains peuvent faire, c’est rêver – alors rêvons grand. »
Dont acte !