
Paolo Gilardi
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Entre 4200 et 6000 litres de kérosène par heure : c’est ce que consomme l’avion de chasse F 35 dont beaucoup de gouvernements, y compris le nôtre, sont friands. D’autres lui préféreraient le Rafale, tout aussi gourmand en énergie -de 4500 à 8000 litres à l’heure.
Etasunien ou européen, c’est un engin qui consomme l’équivalent d’un plein d’essence à la minute qu’on nous vend comme partie de l’antidote -le reste se chiffrant à 800 milliards d’euros pour la seule UE- contre les menaces, vraies ou supposées.
C’est dans une escalade sans précédents des dépenses militaires qu’on nous engage sous prétexte d’un « ennemi » dont on exagère à souhait la menace ; n’avait-on pas déjà qualifié de « quatrième armée du monde », celle de Saddam Hussein, avalée ensuite en trois jours ? Pourtant les menaces sont là. Elles sont réelles, mais autres.
Depuis le 20 janvier, la planète est traversée par des secousses tectoniques. Elles visent à capter les richesses de la planète en attirant les investissements et les entreprises aux USA. Donald Trump, le milliardaire président dont la fortune a doublé en 2024, n’a-t-il pas expliqué le 2 avril, qu’« on va enfin pouvoir s’enrichir » ?
A cet effet, aux USA, ce sont les réglementations -sanitaires, sociales, environnementales, de genre- que la junte extracto-algorythmique au pouvoir détruit. Et elle entraîne le monde dans son œuvre de déconstruction.
La suppression de toutes les entraves à l’épanouissement des grandes sociétés et les fortes taxes douanières sont une invitation aux USA faite aux entreprises et aux investissements.
Laisser libre cours aux techniques de production polluantes, garantir une latitude totale aux géants de la tech, de la pharma, de la production alimentaire : voilà les exemples que, désireux d’empêcher les délocalisations, les autres Etats sont tentés de suivre.
N’est-ce pas ce que suggère sans rire le patron d’UBS quand il menace d’établir sa banque sous des cieux moins régentés par l’État? La voilà la vraie contre-réforme sociétale de portée mondiale.
Dans la foulée, les retraits de l’Accord de Paris sur le climat ou du Protocole d’Ottawa sur les mines antipersonnel, les vivres que l’on coupe à l’OMS, à l’UNWRA, à la recherche scientifique, les chantages pour dissuader des politiques d’embauche centrées sur la diversité contribuent à nous préparer un monde encore plus dangereux, celui fantasmé par Donald Trump et Elon Musk… C’est jusqu’à la toponymie que la contre-réforme sociétale en cours s’immisce.
C’est un recul de Civilisation que l’on n’empêchera pas en s’armant jusqu’aux dents mais en faisant valoir, face à la raison des armes, les armes de la raison.