Yves Batardon
Marie-Thérèse Chappaz
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Les paysan·nes sont-ils les victimes de la biodiversité ou plutôt du libre marché?
L’USP et les chambres d’agricultures sont de nouveau vent debout contre une initiative populaire.
Plutôt que d’argumenter sur l’initiative pour la biodiversité, initiative qui de toute façon ne changera rien à la situation économique des paysans suisses, je vais vous raconter une petite histoire que j’ai vécue la semaine passée.
En montant dans le val d’Hérens, cette magnifique vallée au cœur du Valais, je m’arrête dans une des deux boucheries de la vallée. Dans un présentoir est mis en avant du rack d’agneau affiché comme provenant de Nouvelle-Zélande. Je me permets alors de demander au boucher s’il a des racks d’agneau suisses; ce dernier me répond mot pour mot: «Non je n’en ai pas, car le rack d’agneau suisse n’existe pas, et s’il existait, il serait hors de prix.»
Comment en est-on arrivés là?
La Confédération signe continuellement des accords de libre-échange (suppression des taxes d’importation), ceci pour faciliter les exportations des multinationales (chimie, armements, alimentation…). Donc après la Nouvelle Zélande, l’Inde et le Chili en début d’année (1000 tonnes de raisin de table de janvier à juin et du vin), début septembre c’est au tour des œufs qui peuvent être importés avec de nouvelles facilités douanières.
L’ouverture du marché suisse s’accélère au dépend de la production agricole suisse. Ces importations agricoles, sans contraintes sociales ou écologiques, concurrencent dans l’iniquité la plus totale les productions indigènes. De ce fait, inexorablement, il n’y a pas que la biodiversité qui disparaît, il y a aussi les paysans.
A chacun de mesurer ce qui lui fait du mal. Est-ce l’écologie et ceux qui la défendent, ou le libre marché et ceux qui en profitent.