Entrée dans 2025 – en matière de climat et biosphère, des gens qui pensent et disent juste

Dr Jean Martin
Médecin en santé publique, ancien médecin cantonal vaudois, membre de la Commission scientifique de GPclimat Suisse | Plus de publications

Quatre lectures de fin d’année 2024 avec des éléments encourageants, s’agissant de notre cause – dans un monde par ailleurs plein d’inconnues.

D’abord (Le Temps du 27 décembre), élément important dans mon domaine la santé publique, la ville de la Haye, siège du gouvernement des Pays-Bas, bannit officiellement dans l’espace public depuis janvier les publicités faisant la promotion de croisières, de voyages en avion ou de voitures polluantes. Formidable. Je suis un critique convaincu et de longue date des marchands de maladies que sont les industries du tabac, des aliments et boissons trop sucrées, des énergies fossiles… Le responsable municipal concerné : « En tant que ville, nous estimons primordial de lutter contre le réchauffement climatique. Il est impératif de ne pas jouer à la roulette russe avec le climat ». Rappelant que l’excellent Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dit que les pétroliers et leurs bénéfices insolents, scandaleux, sont les « parrains du chaos climatique ».
Dans plusieurs villes de notre pays, on pense à des interdictions comparables, sans grand succès pour l’instant. Mais je suis convaincu que le sens de l’histoire est clair à cet égard.

Dans 24 heures du 31 décembre, Nicolas Senn, de l’Uni de Lausanne, un des professeurs de médecine les plus engagés pour la transition et la décarbonation (à Genève, on peut citer dans ce sens la prof. Johanna Sommer) rappelle l’importance du sujet en termes de santé. En effet, l’effet direct des dégradations environnementales sur la santé des humains est bien démontré. Pourtant, des actions suffisamment fortes tardent à venir. En soulignant, message qu’il faut passer aux responsables des partis politiques de droite, qui trainent les pieds : « Ce sont des enjeux scientifiques, pas militants ». NB : Nous ne sommes pas des ayatollahs du climat, ce sont ces partis qui le sont du néo-libéralisme.
Nicolas Senn souligne aussi la notion des effets dits écosystémiques, les co-bénéfices liés à un environnement sain sur notre santé, « C’est comme un ping pong: je me fais du bien et je fais du bien à la planète, qui me fait du bien en retour. » Approche globale, holistique, dans une perspective de santé planétaire. Il évoque aussi comment on peut « prescrire de la nature » aux patient·es – des prescriptions vertes ! Le premier grand principe, si facile à suivre en principe mais il faut le faire, est l’exercice physique, adapté à sa situation et son âge mais pratiqué régulièrement. Marcher dans la nature a de nombreux effets bénéfiques aux plans physique et mental.

Dans Le Temps du 19 décembre, grand article sur des rapports du Conseil mondial de la biodiversité, avec un interview de deux de ses auteurs, des universités de Genève et Lausanne. Fondamental mais pas simple à l’évidence : « La clé du succès réside dans un changement des paradigmes économiques, plaçant l’environnement et la justice sociale au-dessus des intérêts privés ». Urgent pour la survie de la planète. Un aspect particulier à considérer est de limiter la consommation dite de longue distance, celle de produits venant de loin que nous consommons sans nous rendre compte des problèmes générés, dans les pays producteurs et par le transport. Et, bien sûr, le progrès dépendra à la fois des actions politiques – des parlements et gouvernements – et des individus et familles.

Enfin, dans la Revue médicale suisse du 18 décembre, un article de trois auteurs de l’Université Laval, au Québec, « Enseigner la santé planétaire aux professionnels de santé ». Un sujet qu’il vaudra la peine de traiter une autre fois.