Bulletin des Grands-Parents pour le climat Genève
Avril 2024 · Mensuel
Chères amies, chers amis,
Durant cinq journées intenses au Salon du livre du 6 au 10 mars, notre stand « Dévorer les livres, pas l’énergie! » a vu défiler de nombreux·ses élèves, surtout attiré·es dans un premier temps par l’activité physique offerte par notre vélo. Malgré la foule et le bruit ambiant, notre maquette très attractive a permis d’aborder les notions d’énergies fossiles et renouvelables, de discuter des divers modes de déplacements, d’échanger sur l’impact de l’élevage. A partir de12 ans, les enfants avaient déjà de bonnes connaissances de la problématique énergétique et il était plus facile d’engager un dialogue interactif.
Hors des horaires scolaires, les discussions avec les familles ont été plus calmes, nombreuses et fructueuses.
Les liens intergénérationnels et l’élargissement souhaité à un public plus large se sont ainsi concrétisés, ce qui est réjouissant.
L’assemblée générale de notre association suisse s’est déroulée à Berne mardi 19 mars et a réuni une cinquantaine de personnes. Une discussion importante a porté sur le choix d’un projet politique national. Deux idées ont été retenues qui vont être étudiées et approfondies quant à leur faisabilité, pour être ensuite soumises au vote des membres. Il s’agit d’une suite du projet alimentation intitulée « cuisiner avec les jeunes pour le climat » et « les veilles » devant le Palais fédéral ou dans 10 villes.
Le PV de cette réunion figurera prochainement sur le site GPclimat.ch
Une lettre ouverte au sujet des élargissements autoroutiers, cosignée par de nombreuses associations dont GPclimat-GE, a été adressée au Conseiller d’Etat Pierre Maudet et à l’OFROU (Office fédéral des routes). Elle met l’accent sur la contradiction flagrante entre ces projets et la loi climat fédérale qui demande une réduction du trafic. Les réalisations prévues impacteraient la biodiversité, apporteraient davantage de nuisances. Voir : https://www.actif-trafic.ch/maudetofrou
Je vous souhaite une excellente lecture de l’INFOlettre qui s’enrichit, par ailleurs, de textes d’invités. Celui du Dr Jean Martin, membre de la commission scientifique de GPclimat Suisse, sur le thème des Doughnut Economics, créés par la Britannique Kate Raworth et celui de Jean Bernard Billeter de Noé 21 sur l’invraisemblable projet du CERN. Nous nous engageons au côté de Noé 21 pour tenter d’éviter cette énième aberration écologique qu’on veut nous imposer !
N’hésitez pas à réagir au contenu de l’INFOlettre par email via l’adresse : redaction@gpclimat-ge.ch.
Avec mes cordiaux messages.
Pourquoi encore bétonner ?
de Patrice Mugny
On suit année après année les combats menés par les autorités locales et nationales pour séduire et accueillir plus d’entreprises. Et leur jubilation lorsque des milliers d’emplois sont créés dans une région. Mais pourquoi et pour qui ?
Et surtout, avec quelles conséquences. Une concentration de plus en plus grande de populations, une densification intense du sol, assortie de pollutions diverses et variées. Mais de quelle qualité de la vie parlons-nous ?
Genève est à ce titre un modèle de cette course absurde. 90 % de son territoire est entouré par la France. Si cette frontière est devenue heureusement poreuse, nous sommes encore loin d’un véritable dialogue sur un développement conjoint cohérent.
Nous sommes pour l’heure et pour un temps probablement long une enclave. La législation fédérale définit des zones non bâtissables, notamment agricoles. Notre surface constructible étant inextensible, demeurent deux possibilités : soit poursuivre sans fin sa densification, soit réfléchir à un avenir plus maîtrisé.
Or, que constatons-nous ? Chaque année, si l’on compte les décès et les départs des jeunes dans la vie, Genève aurait de quoi abriter ses résident·es sans bâtir de nombreux nouveaux logements. Il en resterait même probablement un plus grand nombre de vacants. Selon les chiffres officiels, l’accroissement de notre population est due en moyenne générale pour près de 50% aux nouveaux/nouvelles arrivant·es. Des arrivant·es qui, pour nombre d’entre eux/elles, travaillent dans des multinationales et vivent avec des revenus très confortables qui leur permettent de payer des loyers que nombre de résident·es genevois·es ne peuvent plus payer. D’où une partie de l’exode de Genevois·es en France voisine.
Les logements construits chaque année ne permettent pas de loger la population actuelle et tous ces habitant·es supplémentaires. Même si nous parvenions à héberger tous·tes les nouveaux/nouvelles arrivant·es, que deviendrait Genève dans une vingtaine d’années*.
Pourquoi poursuivre ce développement insensé ? Pourquoi créer toujours plus d’emplois alors même que ceux-ci n’aboutissent pas à réduire notre taux de chômage ? Pourquoi persister à engorger nos rues et bétonner ? Pourquoi ne pas débattre posément de l’avenir de la région dans laquelle nous vivons et vivrons.
Engageons-nous!
Goodtrack Association, a développé www.agirageneve.ch une plateforme très motivante qui encourage et facilite la transition citoyenne de tous les Genevois et Genevoises.Nous vous encourageons vivement à vous y inscrire!
Cette action est menée en partenariat avec la Ville de Genève, la République et le Canton de Genève, et avec l’appui de Zéro Waste Genève et de Après–Ge, est déployée sur le territoire de Genève.
© Chappatte dans Le Temps, Genève
La Journée mondiale de la Terre, célébrée chaque année le 22 avril, est un événement d’ampleur mondiale.
Elle a été créée en 1970 dans le but de sensibiliser le public à la protection de l’environnement et de la biodiversité, et d’encourager les individus et les gouvernements à agir en faveur de la durabilité environnementale.
La Journée de la Terre est célébrée dans plus de 190 pays à travers le monde. Elle est souvent marquée par des événements et des activités visant à promouvoir la protection de l’environnement.
Aux Avanchets le 20 avril aura lieu balade à vélo jusqu’au centre Pro Natura du Vallon de l’Allondon.
Et le 27 avril GPclimat-GE sera actif dans le centre commercial le matin avec un stand d’information sur le tri des déchets, la fast fashion et une galerie de photos sur la biodiversité.
Cette matinée sera suivie d’une plantation dans le jardin collectif, puis par une soirée repas « écolo », des avec animations diverses, des contes, de la musique et … le Cyclotrain !
Tour de Romandie à Confignon
Date : Dimanche 28 avril 2024
Horaire : entre 11h et 17h30
Lieu : Place du Village à ConfignonNous serons présents avec le Cyclotrain et la Mini-station électrique pour promouvoir le vélo et la sobriété énergétique
Salon du livre
Notre stand au salon du livre du 6 au 10 mars, sur le thème « Dévorez les livres, pas l’énergie! », a rencontré un joli succès auprès du public motivé à plus de sobriété énergétique.
Soirée d’information FCC-CERN
17 Avril à 19h: Ecole des Ouches, salle polyvalente, 19 Chemin des Ouches, 1203 Genève.
Organisation. Jeunes Vert·e·x·s Genève et Jeunes écologistes des Pays de Savoie.
Présentation de Jean-Bernard Billeter, Responsable FCC-CERN à Noé21
Discussion avec Lisa Mazzone, anc. conseillère aux États, Benjamin Joyeux et Fabienne Grebert, conseiller·ère régionaux, Auvergne Rhône Alpes
Suivie d’un apéro !
Du 20 au 27 avril
EXPLORE DEMAIN, c’est un festival citoyen.
Il engage la population à penser et agir aujourd’hui, à imaginer demain…
Il propose de libérer les énergies et de créer un espace public pour échanger, découvrir, révéler, débattre et faire émerger notre futur face aux enjeux liés au territoire, au climat, à l’alimentation, à l’économie, au social, aux technologies et à la culture.
Au programme, des découvertes, des expositions, des débats, des concerts, des ateliers et aussi des rencontres et de la convivialité pour engager les transitions!
Voir le programme : https://exploregeneve.ch/programme/
Regarder ce qui se passe? Ou refiler la patate chaude au suivant?
Jean-Bernard Billeter
Association Noé 21
Ingénieur EPFZ
Responsable FCC-CERN
Soucieux de maintenir sa prééminence en physique des particules, le CERN – l’extraordinaire centre de recherche installé à cheval sur la Suisse et la France – mise sur un Futur Collisionneur circulaire, le FCC. Qu’en pense le Conseil fédéral?
Le tunnel qui l’abriterait partirait de Meyrin, passerait sous le lac, contournerait le Salève, chatouillerait le Vuache, se glisserait sous le Rhône vers le Jura, puis rejoindrait Meyrin. 91 kilomètres. Le plus gros ouvrage de génie civil d’Europe des prochaines décennies. Les travaux commenceraient en 2030.
Deux machines s’y succéderaient, le FCC-ee (quelques millions de tonnes) exploité une quinzaine d’années, puis le FCC-hh (quelques millions de tonnes) exploité jusqu’à la fin du siècle.
Coût ? Plusieurs dizaines de milliards de francs à charge des 23 Etats-membre européens et autres pays qui y enverraient des équipes de chercheurs.
La recherche fondamentale qui y pourvoirait n’a aucune application directe; tel n’est pas son but.
Quant aux effets sur les habitants du Grand-Genève, oui, il y en aurait! Huit années de forage, des montagnes de matériaux d’excavation, cinq années d’installation pour le FCC-ee, puis de nouveau cinq années pour le FCC-hh, véritable objectif pour lequel le projet est dimensionné.
Après la mise en service des installations, le CERN consommerait autant d’électricité qu’une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants. 700’000 habitants pour le FCC-hh!
Le « Donut » de Kate Raworth, modèle pour vivre le 21e siècle
Dr. Jean Martin
Médecin en santé publique
Membre de la Commission scientifique
de GPclimat Suisse
Dans le cadre des Conférences Dubochet, instituée par l’Université de Lausanne (Unil) en 2017 pour le récipiendaire du Prix Nobel, c’était, le 19 février dernier, au tour de l’inventrice des Doughnut Economics, la Britannique Kate Raworth, de s’exprimer. Avant d’être enseignante à l’Université d’Oxford, elle a travaillé pour le PNUD et a été chercheuse à Oxfam (organisation pour le développement très respectée). Depuis la parution de son ouvrage « La théorie du donut : l’économie de demain en 7 principes » (Plon, 2018), elle est mondialement connue.
Les limites du PIB
Son modèle entend assurer pour tous une existence digne, entre un plancher social indispensable (répondant aux besoins fondamentaux) et un plafond déterminé par la durabilité écologique. Plafond qu’il s’agit donc de ne pas dépasser, dans l’activité d’une société/région du globe, en respectant les limites planétaires. Dans la foulée l’auteure insiste sur l’importance de remplacer le sacro-saint PIB comme étalon de la performance économique.
En 2019, une étude de l’École polytechnique fédérale de Zurich a annoncé à tort que planter de nouvelles forêts pourrait stopper le changement climatique. L’équipe de recherche a fait marche arrière depuis, mais en vain: le génie est sorti de la bouteille et l’idée s’est enracinée dans les esprits des politiques […].
Quelle est la part du vrai et du faux? La théorie sous-jacente est correcte: les arbres sont des puits de carbone. Les forêts retiennent d’immenses quantités de CO2 qui se retrouveraient sinon dans l’atmosphère. Dans la durée, pourtant, leur bilan carbone est nul: en grandissant, les arbres absorbent autant de gaz à effet de serre qu’ils en rejettent en se décomposant […]
Les poêles à bois ont une certaine raison d’être: un arbre n’est pas entièrement valorisable pour la construction. Sachant que la décomposition du bois libère autant de carbone que sa combustion, autant utiliser le surplus pour se chauffer.
Vous pouvez commander ce livre ici.
Tiré de Mathias Plüss, « Moins, c’est moins! », Editions de la Salamandre, 2023.